Bilan de 1 an de télétravail
Publié le 2024-09-11 par DarkChyper
Début septembre, c'est la rentrée (scolaire) et qui dit rentrée dit petit bilan de l'année écoulée, l'occasion idéale pour faire le point sur 1 an en total télétravail.
En vrai, cela fait 3 mois que je repousse le moment d'écrire cet article, par [manque de temps, manque d'axe d'écriture, peur de la page noire (dark thème oblige)],
entourez mentalement l'excuse qui vous conviendra le mieux.
Reste qu'à force de lire des ultra défenseurs du total télétravail raconter leur propagande et d'entendre des avis, tout aussi tranchés, de personnes ne supportant pas l'idée de ramener le travaille chez elles, j'ai bien envie d'apporter mon retour d'expérience, en essayant d'être le plus honnête possible, à défaut d'être totalement objectif.
Mon retour d'expérience
Commençons par les points réellement positifs. Aucun transport pour se rendre au bureau, c'est incroyable. Les lundis ne sont plus une source de souffrance, les mauvaises nuits de l'enfant ne sont plus aussi problématiques. Mais surtout, le fait de pouvoir amener mon fils à l'école, régulièrement à pied, tous les matins, cela n'a pas de prix.
Les trajets du matin étaient une grande source de stress pour moi, les bouchons, le manque de place pour se garer... Je n'arrivais jamais dans de bonnes conditions au bureau. Les retours n'étaient pas mieux, pour peu que la journée ne se soit pas bien passée ou que je mette 3 fois le temps normal de trajet, je pestais dans la voiture. Ne me parlez pas du train, le rythme de 3 jours de grèves tous les 5 jours de la SNCF a achevé ma motivation envers ce mode de transport pour le travail.
Bref, le temps de trajet n'était pas un sas de décompression entre le boulot et la maison.
Je fais plus souvent des pauses dans mon boulot, chose que je ne faisais absolument pas en présentiel. Et ces pauses sont doublement utiles, cela me permet de m'aérer l'esprit, quitter un peu l'écran, comme toutes les pauses quoi, mais j'en profite également pour avancer dans les corvées de la maison. Cuisine, ménage, petits bricolages, et la hantise des patrons anti-télétravail, des lessives !
Oui, je lance ou pends des lessives en télétravail ! Mais je peux rassurer tous ces patrons, depuis l'arrivée de l'invention de Jacob Christian Schäffer, à savoir la machine à laver ou lave-linge en 1765 puis à l'électrification de celle-ci en 1910 et sa démocratisation dans les foyers français depuis 1960, je ne suis plus obligé d'aller au bord de la rivière pour laver le linge et cette corvée ne me prends plus des heures.
Ouf !
Article wikipedia du lave-linge
Et grâce à ces pauses plus régulières et beaucoup plus utiles au quotidien, j'ai l'esprit plus serein pour travailler et la déconnexion se fait dès que j'éteins l'ordinateur.
En tout cas, pour moi, ca marche.
Cela ne se voit ni sur la balance ni sur mon physique, mais j'ai plus de temps pour le sport également. Le défaut, c'est de faire ses séances seul tout le temps, ce qui nuit à la régularité. J'ai bien l'application de suivi Strava qui permet de recevoir des encouragements régulièrement, mais cela n'aide pas tout le temps.
L'autre facteur de cette non-perceptibilité de reprise du sport, c'est le grignotage. Avoir accès à mes placards, c'est le mal, la moindre frustration peut être accompagnée d'un petit "remontant". C'est un point que je dois améliorer.
Je ne pense pas que de travailler à distance soit synonyme de se couper des relations sociales. Ok, j'avais déjà eu 2 collègues avec qui je discutais beaucoup, je les ai d'ailleurs invitées au vin d'honneur de notre mariage. Ces deux personnes sont quand même pour moi de l'ordre de l'exception lorsque je travaillais en total présentiel. Je n'allais ni aux pauses clopes, ni aux pauses thé/café, et petit à petit, j'ai fuis les "vendredi petit déj", beaucoup trop riches. Du coup, c'est assez difficile de discuter "en off" avec ses collègues.
Aujourd'hui, à distance, on discute chaque matin au daily, au retour de pause du midi, ou entre temps quand il nous arrive un truc drôle ou non. On discute des émissions de la veille, des déménagements de chacun, de la rentrée, des vacances, des bricolages en cours, des potins de l'entreprise...
Pour les points négatifs, c'est vrai que les petits restos de temps en temps le midi, avec les collègues, ça manque un peu. Pareil pour les séances de sports à plusieurs. Je pense que si certains collègues, ou même les locaux, étaient proches géographiquement, j'y passerai une fois dans le mois. Non pas parce qu'il me manque des interactions humaines, mais juste pour casser la routine. C'est là que je ne suis pas d'accord avec les "ultras du télétravail", oui une offre de total télétravail avec 1 jour de présentiel par mois/trimestre, c'est du total télétravail, et non ce n'est pas une énorme contrainte. Cela favoriserait le retour des populations dans des zones rurales autour des entreprises qui font le pari du total télétravail, tout en évitant de mettre toute la France en concurrence, voir une concurrence mondiale.
Un autre point négatif, c'est de travailler avec le casque tout le temps sur les oreilles...
il s'agissait d'un des points positifs lors de mon lancement dans cette aventure
Ma chaîne hi-fi se faisant âgée, le tiroir du lecteur CD ne se ferme plus, les sortie HP grésillent/coupent, du coup, j'écoute la musique au casque et je ne pense donc pas à le retirer de temps en temps pour reposer les oreilles et les cervicales.
Je cherche à la faire réparer, mais il n'y a plus beaucoup de spécialistes et il faut payer cash 60 € pour qu'on te dise si c'est réparable ou non.
Du coup, je cherche soit une remplaçante, soit la même pour récupérer des pièces.
Une autre solution serait de passer au micro déporté avec bouton pour l'activer/desactiver, et un casque à conduction osseuse, plus léger, et qui laisse les oreilles libres. Et en même temps, le casque fournit par l'entreprise est vraiment très bien conçu pour le télétravail (et le gaming), j'en reparle dans la seconde partie de l'article.
Dernier point compliqué qui est vraiment propre à mon caractère : je ne m'arrête plus. J'ai toujours eu du mal à faire de vraies pauses, c'est-à-dire avec rien à faire ou réaliser des activités juste pour le plaisir, sans objectif. "Je dois faire mes séances de sport", "je dois avancer sur la préparation des repas"... Je n'arrivais déjà pas à le faire en présentiel car, c'est difficile de s'isoler des autres, mais le souci s'est exacerbé depuis que je suis à la maison. J'y travaille.
Comment réussir le total télétravail ?
Je vais enfoncer des portes ouvertes, mais l'aménagement du lieu de télétravail et l'équipement de travail sont primordiaux.
Peu importe le bureau, ce qui compte, c'est de la lumière naturelle qui arrive directement dans la pièce, et un éclairage suffisant le restant du temps. Ne travaillez pas dans la pénombre. Idéalement, la pièce n'est réservée qu'au télétravail avec une porte qui ferme. Cela permet de travailler à des horaires où les autres membres de la maison dorment ou font beaucoup de bruit.
Je suis un mauvais élève sur ce point, car je suis sur le palier de l'étage, mais je cherche des solutions.
Une très bonne chaise est un indispensable, on oublie celles de la cuisine ou les premiers prix, vous y passerait 8 heures par jour. Le top serait d'avoir un bon soutient des lombaires, et un repose-pied au sol. Certains ne jurent que par les balles d'assise, moi, je préfère alterner entre position confortable assis et position debout.
Prochainement, je pense investir dans un tapis de marche, histoire de ne pas rester statique lorsque je suis debout. Cela rentabilise les réunions et permet d'accéder aux 10.000 pas par jour même en cas de mauvais temps.
Vous n'aurez certainement pas la main sur le choix de l'ordinateur. Par contre rien ne vous empêche d'investir dans un grand écran, sur un bras articulé pour gagner de la place. Pareil pour le clavier et la souris, vous en aurez sans doute par l'entreprise, mais il existe des périphériques avec une excellente ergonomie, vos muscles et tendons vous diront merci.
Si vous avez le choix du système d'exploitation, passez sous Linux.
Pour le micro casque, c'est difficile de donner un modèle en particulier, les gammes changent souvent. J'ai un Arctis 9 de chez Steelseries que je trouve parfait pour le télétravail. Voici les points que trouve indispensable et que vous pouvez retrouver sur d'autres modèles :
- il s'agit d'un casque fermé, qui englobe l'oreille ce qui est très confortable
- il n'a pas d'atténuation du bruit active, ça consomme moins de batterie
- il est sans fil, mais radio, il est donc connecté à un périphérique propriétaire-USB (petit moins) mais profite d'une grande portée, je me balade dans toute la maison sans soucis.
- il possède 2 canaux stéréos, avec une molette pour le volume général et une autre pour le mix entre les deux canaux. J'utilise le premier pour l'application de chat de l'entreprise et le second canal pour la musique.
- il y a un bouton pour ouvrir/fermer le micro et celui-ci à une LED d'indication quand il est fermé
Reste qu'il s'agit d'un gros casque, il fait son poids, donc à vous de voir quels compromis vous voulez faire.
Pensez également à la décoration de la pièce, une déco professionnelle mais avec des touches personnelles, c'est toujours plus agréable.
Entreprises, comment réussir le total télétravail ?
Je ne peux pas me mettre à la place de l'entreprise, mais je peux indiquer ce qui aide l'employé à bien travailler dans une entreprise en total télétravail.
Premièrement, c'est la confiance totale accordée par défaut. Ok, le processus d'entretien dans mon entreprise actuelle a été plutôt rude et ne fonctionnera pas du tout avec des juniors. Plusieurs échanges avec différents interlocuteurs, dont un recruteur externe, des tests de niveau, des prises de références, échange technique en visio avec ma fuiture équipe... si on enlève la prise de référence, on ouvre le processus aux juniors et tout le monde est content.
Ce n'est pas facile, mais cela permet de rassurer l'employeur, qui accorde alors plus facilement une confiance totale. La période d'essai sert ensuite de dernier "test" grandeur nature, pour les deux parties.
Une très grande transparence et accessibilité quant au fonctionnement de l'entreprise, et cela dès le processus d'entretien.
Par exemple que toutes les équipes, dont les RH, aient un espace de partage de documents, un drive publique. Evidemment, il y a toujours des documents que l'on ne souhaite pas partager entre équipes, soit parce qu'ils sont en cours d'élaboration, soit parce qu'il s'agit de données brutes. Je n'ai pas besoin de voir tous les documents comptables, mais avoir accès à des bilans, aux CODIR, COPIL etc. cela devient très intéressant. Dans ce cas, il s'uffit d'avoir un drive privé, en plus du publique, par équipe et gérer un peu les droits. Le but ici est d'éviter l'isolement de l'employé, que la vie de l'entreprise lui échappe totalement. Si on crée des documents publiques (entre les services) et que l'on communique dessus, c'est parfait.
La communication est donc très importante. En plus des drives et des mails, proposer des outils de travail collaboratif est indispensable, à commencer par l'échange en audio. Réaliser les cérémonies agiles en visio, c'est très bien, mais pour les échanges de tous les jours, l'audio est largement suffisant s'il est bien pensé. Un canal par équipe, des canaux de réunions virtuelles, des canaux de concentration pour rester visible mais plus tranquille, seront une base solide d'échange.
On utilise TeamSpeak au bureau.
Enfin avoir des points réguliers avec les différentes équipes, et surtout, son responsable direct me semble obligatoire, si possible des points prévus dans les processus de l'entreprise, et pas uniquement à la demande du salarié.
Cela pourrait sembler contre intuitif, mais pour réussir à garder le moral et l'énergie de tous en total télétravail, il faut se voir au moins une fois par an en présentiel. Que ce soit un séminaire, se retrouver ou organiser un meet-up, donner la possibilité à une équipe de se rendre à un salon ou une convention, le but est de se voir en vrai et de sortir du cadre quotidien.
Je ne dis pas qu'il est impossible de garder la motivation sans jamais se voir, mais un séminaire de 3 jours dans un lieu qui nous fait sortir du cadre du travail, c'est fortement appréciable. En plus, les économies d'échelle de ne pas avoir de bâtiment sont un peu redistribuées de cette façon aux employés, ce qui motive à travailler à fond toute l'année pour profiter à fond du séminaire.
Pour finir
Je suis totalement conquis par le total télétravail, un retour en total présentiel ne se ferait sans doute qu'en changeant totalement de spécialité ou de métier, mais serait vraiment difficile. Un mode hybride est intéressant, mais il existe un réel gap quand on passe en total télétravail, qui ne convient pas à tout le monde.
Reste à améliorer mes différents points négatifs afin de profiter encore plus de ce qui n'est, finalement, qu'une disposition de travail comme une autre.